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Bovin maladie parasitisme

Vers le traitement Ciblé Sélectif des strongles digestifs

Derniére mise à jour le : 11/05/2023

Dans les systèmes pâturants, un élevage sans strongles gastro-intestinaux n’existe pas. Il est donc nécessaire d’en maîtriser l’infestation tout en limitant les conséquences sanitaires et économiques.

Le premier moyen de maîtrise du parasitisme est souvent l’utilisation d’anthelminthiques. Cependant, si celle-ci est insuffisamment raisonnée, elle entraine le développement de vers résistants. Aujourd’hui, il est donc nécessaire de mieux utiliser ces traitements. Pour cela il s’agit de répondre à deux questions majeures « quand traiter » et « qui traiter » chez les bovins, les ovins et les caprins. On parle du Traitement Ciblé Sélectif (TCS) ou du traitement Raisonné Individualisé (TRI).

Pourquoi mettre en place le TCS ?

Parce que des résistances aux vermifuges sont fréquentes dans toutes les espèces (ovines, caprines ET bovines). D’où viennent ces résistances : de l’utilisation fréquente de molécules de la même famille exerçant une forte pression de sélection sur les parasites, de sous-dosage, de traitement d’un lot d’animaux complet sans laisser de population de parasites refuge et de la stratégie du « dose and move », selon laquelle les animaux sont traités puis déplacés vers une pâture saine en milieu de saison.

De plus, cette résistance est héréditaire (transmise de génération en génération de parasite). Or, la ressource en vermifuge est limitée, les délais de développement de nouvelles molécules sont très longs et la résistance arrive rapidement après la mise sur le marché d’un nouveau médicament.

Il est donc nécessaire de limiter l’usage des antiparasitaires pour diminuer la pression de sélection (conservation de populations refuges), répondre aux critères de l’agriculture durable préservant la biodiversité, et ne pas entraver le développement de l’immunité.

Qu’est-ce qu’une population refuge ?

Une population refuge est une population de parasites non confrontée à un traitement antiparasitaire. Pour maintenir une population refuge au sein d’un troupeau la règle veut que l’on ne traite qu’une partie seulement des animaux. Les animaux non traités hébergent donc la population refuge. Cette population refuge permet d’éviter l’apparition de résistances en diluants les vers résistants au traitement, sélectionnés chez les animaux traités. La population refuge dans un troupeau permet de conserver un équilibre acceptable entre les parasites sensibles et résistants (qui eux prennent rapidement la place laissée par les parasites éliminés par les traitements).

 


Illustration : Notions de pression de sélection, population refuge et traitement sélectif (d’après les travaux de Nadine RAVINET)

 
Et en pratique, comment mettre en place le Traitement Ciblé Séléctif ? 

Paroles d’éleveurs et de vétérinaires sur un changement de pratique en matière de lutte contre les strongles gastro-intestinaux. 

A chaque troupeau son Traitement Ciblé Sélectif (TCS). Si certains éleveurs et vétérinaires cherchent la rentabilité maximale du traitement en travaillant précisément sur les résultats de production (lait, GMQ), d’autres expliquent simplifier le choix des vaches à traiter. Le ciblage prioritaire des premières lactations dont l’immunité n’est pas encore pleinement efficace, des hautes productrices pour préserver la production et des vaches dites « à problème » déjà sollicitées par d’autres pathologies est un ciblage efficace. Certains choisissent même de traiter les vaches en fonction de leur état corporel, de leur état de forme, selon leur ressenti. En fait peu importe le protocole de ciblage, tout le monde peut commencer rapidement et efficacement son traitement ciblé sélectif en respectant simplement deux critères : celui de ne traiter qu’une partie du troupeau tout en traitant en priorité les vaches qui en ont le plus besoin.

Les éleveurs ayant opté pour le TCS s’accordent à dire que les bénéfices sont là où ils les attendaient. Le coût de traitement est réduit puisque seuls les animaux qui en ont besoin sont traités et la rentabilité est augmentée car les animaux sélectionnés sont ceux qui répondent le mieux au traitement (gain en lait, GMQ). Au-delà de l’aspect économique, sont également cités l’aspect environnemental et la lutte contre la résistance des strongles aux antiparasitaires. La faune coprophage et la flore sont confrontées à moins de molécules toxiques pour elles et les populations de parasites résistants, dilués dans les populations de parasites sensibles qui constituent des refuges, restent minoritaires.

Coté vétérinaire le Dr Laurent Dravigney (Cantal) est lui aussi convaincu par le traitement ciblé sélectif (TCS), également pour ses intérêts technico-économiques, environnementaux et en matière de lutte contre les résistances. Il a lui-même participé, avec 6 de ses éleveurs, à une vaste étude nationale conduite sur plus de 120 troupeaux français, par Nadine Ravinet enseignante-chercheuse à l’école Nationale Vétérinaire de Nantes. Cette étude a permis de déterminer des critères efficaces de sélection des vaches à traiter pour optimiser la rentabilité du traitement et lutter contre les résistances en traitant seulement une partie du troupeau. Pour le docteur Dravigney, le TCS est une démarche d’avenir qui, même si elle est parfois complexe à mettre en œuvre, a tout son sens à l’heure actuelle.

 




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