
Rhône - Apiculture
Loque américaine, un cas dans le Rhône - rencontre avec Huguette Jalon, vétérinaire mandatée par la DDPP pour gérer et éradiquer ce foyer
Derniére mise à jour le : 04/10/2024
Nous avons rencontré Huguette Jalon, la vétérinaire mandatée par la DDPP pour gérer et éradiquer ce foyer de LA dans le cadre d'un APDI (arrêté préfectoral).
Bonjour Huguette Jalon,
- Comment reconnait-on la loque américaine et quels en sont les symptômes ?
La loque américaine est une maladie dont l’origine est une petite bactérie du nom de Paenibacillus larvae. Cette bactérie est capable de survivre dans l’environnement et les abeilles très longtemps en se protégeant sous forme de spores. Elle peut ainsi survivre plus d’1 an dans le miel ou jusqu’à 2 mois dans le tube digestif d’une ouvrière. Elle est très résistante.
C’est une maladie du couvain fermé. Les larves d’abeilles sont contaminées dans leurs 48 premières heures, lors d’un repas administré par les nourrices. Les spores ingérées germent dans le tube digestif de la larve. L’infection se généralise alors à tous les tissus et la larve qui a évolué en nymphe à ce moment-là (après operculation) meure de septicémie et se liquéfie. Il en résulte ce qu’on appelle « une écaille loqueuse », adhérente à l’alvéole, et porteuse de plusieurs millions de spores….
D’un point de vue extérieur les symptômes sont les suivants :
- Couvain mosaïque avec présence de larves mortes brunâtres et d’opercules percés.
- Larves filantes (fil d’au moins d’1 cm) au test de l’allumette.
- Odeur nauséabonde à l’ouverture.
- Colonie très faible en présence d’une reine
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- Quelles incidences sur la colonie d’abeilles, le rucher, les ruchers avoisinants
Comme vu plus haut, cette bactérie est très résistante. Les spores, très nombreuses dans les écailles loqueuses, se transportent lors de contacts entre abeilles, lors d’échanges de nectar entre elles par trophallaxie, lorsqu’elles nettoient les alvéoles atteintes, lors de nourrissements des larves…Elles persistent aussi sur la matériel utilisé, les vêtements, les bottes…et dans le miel… ! C’est une maladie très contagieuse !
La colonie peut donc être rapidement en difficulté, ainsi que le rucher en lui-même et les ruchers avoisinants. Les phénomènes de dérive et de pillage accentuent les risques d’extension de la maladie…
- Quelles sont les mesures de prévention et de lutte à mettre en oeuvre individuellement et collectivement
Au niveau individuel, il est important de savoir déceler cette maladie précocement pour intervenir rapidement. La colonie en question, fortement touchée, ne sera pas déplacée mais fermée rapidement pour éviter la dérive et le pillage.
Le matériel devra être désinfecté correctement avant de servir pour d’autres colonies.
Mode de désinfection : Bois (ruche, couvre-cadre) : 1. Le gratter et éliminer les déchets (les bruler) = propolis, cire… 2. Passage à la flamme 3 minutes minimum jusqu’à ce que le bois brunisse 3. Ou plonger dans de la cire microcristalline entre 150 et 160°C, 10 minutes minimum Cadres : tous bruler en cas de loque américaine avec la cire Plastiques (nourrisseurs, planchers) : 1. Les gratter, et plonger dans un bain désinfectant 2. Eau de javel : 10 minutes minimum dans eau de javel concentrée à 2,6%, soit 9°chlorométrique 3. Rincer le matériel après trempage dans la javel Petit matériel (lèvre-cadre, enfumoir…) : 1. Brosse à abeille dans bain désinfectant à base de javel 2. Enfumoir : grattage et allumage 3. Lève-cadre : à la flamme Vêtements : 1. Bottes : bain désinfectant (javel) 2. Vêtements et gants : trempage dans une solution désinfectante au moins 10 minutes puis machine à laver. |
La DDPP doit être alerté de cette suspicion de loque américaine. Elle fera passer un vétérinaire apicole pour faire un prélèvement de couvain sur la colonie impactée et confirmer par analyse de laboratoire la suspicion.
Par la suite, les ruchers environnants sont prévenus et doivent aussi être visités pour contrôler l’extension de la maladie.
A la suite de ces visites, des mesures seront établies pour chaque rucher atteint. Il sera conseillé d’euthanasier les colonies les plus atteintes, en vue de préserver les colonies encore saines des ruchers. Il sera aussi conseillé de bien désinfecter le matériel, de limiter les échanges de cadres ou de matériels entre ruches et ruchers, de bruler les cadres de couvain douteux, de ne pas nourrir les colonies avec du miel venant de ruchers potentiellement atteint….
- A l'instar d'autres maladies reglementées dans d'autres espèces (actuellement FCO chez les ovins et bovins), il a été » mis en place une zone de surveillance autour de ce foyer. Pourquoi et quel intérêt ?
A la suite d’une déclaration d’un cas de loque américaine, confirmé par analyse, les mouvements d’abeilles (sorties et introductions), de matériels d’apiculture et de produits de la ruche sont interdits dans un rayon de 5 km autour du foyer. Une visite de l’ensemble des ruchers dans un rayon de 3 km autour du foyer (zone de protection) sera effectuée.
Le 1er intérêt est de pouvoir éviter l’extension de la maladie à d’autres ruchers, en bloquant les transports de matériel apicole et de colonies atteintes.
Le 2ième intérêt est aussi de pouvoir trouver les différents foyers rapidement pour éliminer les sources de contagiosité.
Il reste en effet intéressant pour les apiculteurs de travailler ensemble localement pour ne pas ramener chez eux après des transhumances, ou par du matériel, des maladies pouvant avoir un impact réellement négatif sur leur cheptel et leur production.
- Cette déclaration a été faite dans le cadre d'OMAA, pouvez-vous nous en dire un peu plus de l'intérêt et des objectifs de ce dispositif à disposition des apiculteurs ?
L’OMAA (observatoire de la mortalité et de l’affaiblissement des abeilles) est un dispositif, qui permet à tous les apiculteurs, en cas d’affaiblissement ou de mortalités anormales de leurs colonies, de pouvoir le déclarer, par téléphone (04 13 33 08 08), à un vétérinaire apicole de la région.
Celui-ci prend note de la déclaration, et en fonction du cas, adapte sa réponse :
- Appel trop tardif par rapport aux symptômes : Prend juste note de la déclaration
- Symptômes évidents de varroose ou frelon asiatique ou autre… : Pas de visite mais prend note de la déclaration
- Symptômes évoquant une intoxication : Alerte de la DRAAF + DDPP en prévision d’une visite.
- Symptômes évoquant la loque américaine ou autre maladie à déclaration obligatoire : Alerte de la DDPP en prévision d’une visite.
- Symptômes ne permettant pas de conclure : Alerte d’un vétérinaire apicole locale pour effectuer une visite, accompagnée de préférence d’un TSA local.
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