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Bovin maladie BVD

BVD  ou maladie des muqueuses

Derniére mise à jour le : 25/04/2023


Le virus de la BVD (Bovine Virale Diarrhea ou Diarrhée Virale Bovine) est une cause fréquente de maladies d'élevage, soit directement, soit indirectement en favorisant le développement d'autres problèmes sanitaires. Il peut donc conduire à l'utilisation importante de médicaments.


Ses conséquences sont variables selon les élevages et les circonstances de la contamination : un passage du virus peut ainsi passer inaperçu ou provoquer des situations très difficiles économiquement. Comme toute maladie à virus, c'est une maladie qui ne se soigne pas directement.

La BVD fait désormais l'objet d'un programme d'éradication généralisé. L'arrêté Ministeriel du 31 juillet 2019 fixe les mesures de surveillance et de lutte que chaque éleveur doit respecter sous peine de sanctions. 

Une bonne connaissance de la maladie et de ses facteurs de risque peut aider chaque éleveur à évaluer son niveau de risque et à prendre les mesures adaptées pour se protéger. Il est donc important de comprendre les caractéristiques du virus et son fonctionnement.

Caractéristique du virus de la BVD

Il touche essentiellement les bovins. Les petits ruminants peuvent l'héberger mais sont surtout atteint par un virus cousin : celui de la Border disease. Le virus BVD n'est pas contagieux à l'Homme. Il ne survit que quelques heures en dehors du corps des animaux, ce qui fait que le milieu extérieur ou le matériel ne jouent pas un rôle important dans la transmission.

Il y a de nombreuses souches différentes du virus BVD. Toutefois, celles qui circulent en Europe se ressemblent suffisamment pour qu'il y ait une immunité croisée efficace, après infection comme après vaccination. Ces souches sont diversement agressives. Certaines passent presque inaperçues alors que d'autres occasionnent des mortalités importantes.

Comment se transmet le virus BVD

Toutes les sécrétions et excrétions des animaux infectés contiennent du virus. Celles qui en contiennent le plus sont les sécrétions nasales et respiratoires. Elles jouent un rôle prépondérant dans la contagion entre bovins : le virus passe souvent de l'un à l'autre à l'occasion de contacts « mufle à mufle ».



Une vache gestante transmet le virus à son foetus. Les conséquences sont différentes suivant l'époque de la gestation à laquelle on se trouve, comme indiqué dans le schéma ci-dessous :



La contamination du foetus entre 40 et 120 jours de gestation environ provoque un phénomène original : A cet âge le foetus n'est pas encore suffisamment formé pour savoir distinguer le virus de son propre corps. Or, le fait de savoir faire cette différence est la condition sine qua non pour pouvoir s'immuniser. Le foetus qui n'en est pas capable ne peut pas développer ses propres défenses et se débarraser du virus. Si il survit, il en reste porteur et contagieux à vie. Il est devenu ce qu'on appelle un infecté permanent immunotolérant ou I.P.I

Deux animaux à risque : IPI et virémique transitoire

C'est ainsi que l'on désigne les deux types d'animaux capables de transmettre le virus BVD.

L'IPI naît IPI (un bovin ne peut pas le devenir en dehors du tout début de sa vie foetale). Il est contagieux de sa naissance à sa mort et répand de grandes quantités de virus autour de lui. On dit que c'est une « bombe à virus ». La plupart des IPI meurent avant l'âge de 2 ans d'une affection diarrhéique et ulcéreuse généralisée : la Maladie des Muqueuses (seuls les IPI font cette forme particulière de la BVD). La moitié environ sont chétifs et maladifs. Mais d'autres sont extérieurement tout à fait normaux et même capables de se reproduire. Ils donnent alors systématiquement des veaux IPI.

Le « virémique transitoire » ou infecté temporaire, est un bovin normal qui rencontre le virus BVD pour la première fois. La multiplication du virus dans son organisme diminue temporairement ses défenses immunitaires, ce qui favorise des infections secondaires (diarrhées des jeunes, maladies respiratoires ...). S'il s'agit d'une vache pleine, elle peut perdre son veau (infécondité, avortement) ou donner un veau IPI (voir ci-dessus). Cependant, au bout de 2 semaines environ, l'organisme reprend le dessus. Le bovin s'immunise, se débarrasse du virus et cesse d'être contagieux. Il restera solidement immunisé, probablement à vie. Pendant les 2 semaines où il est contagieux, un bovin infecté temporaire répand moins de virus autour de lui qu'un IPI.

Comment se contamine un troupeau ?

Les principales occasions de contamination d'un troupeau sont les introductions d'animaux ou les réintroductions (retour de pension, d'alpage, de comice ...) et les contacts avec des bovins voisins par-dessus les clôtures. Le prêt de matériel, joue un rôle plus accessoire. Attention lorsqu'on introduit une vache gestante : le veau dont elle est porteuse peut être un IPI !


- 1ère étape
Arrivée d'un animal virémique dans un troupeau .. Ce bovin virémique est soit un IPI, soit un animal infecté depuis peu et qui présente une virémie transitoire (infecté au contact d'autres animaux eux-même porteurs du virus : transport, voisinage,...). Le bovin virémique diffuse du virus autour de lui et contamine les autres animaux du troupeau.



- 2ème étape

Les autres animaux sont infectés et reexcrètent le virus à leur tour Dans le cas d'un virémie transitoire, le bovin qui a introduit le virus développe des anticorps et est dorénavant protégé vis-à-vis du virus. Si une vache dans sa première moitié de gestation est infectée, le virus va également s'installer dans le foetus. Le veau à naître sera porteur à vie du virus du BVD et incapable de développer une résistance (immunité) à l'infection. C'est ce que l'on appelle un IPI : Infecté Permanent Immunotolérant.


- 3ème étape 
Le virus continue de circuler dans l'élevage Tous les foetus dont la mère est infecté par le BVD durant la gestation ne deviennent pas des IPI. Si la contamination a lieu durant la deuxième moitié de gestation, le produit lorsqu'il est viable a acquis des défenses contre le BVD. Les bovins infectés développent une immunité contre le BVD et éliminent le virus. Ils sont dorénavant protégés contre les infections ultérieures.


- 4ème étape 
L'ensemble des bovins sont maintenant immunisés vis-à-vis de la BVD.  Après le passage du virus, les animaux qui sont dans de bonnes conditions d'élevage ont développé leurs défenses immunitaires vis-à-vis du BVD. Dans d'autres situations (mauvaises conditions d'ambiance, hygiène de la nurserie insuffisante, animaux affaiblis où très jeunes) on peut être confronté à de la mortalité sur les bovins les plus fragiles.  Face à la maîtrise de l'infection, c'est le veau IPI à naître 4 à 7 mois plus tard qui pose le plus problème car il sera une source importante de virus BVD à son tour.

Les méthodes d'analyse


Les analyses de laboratoire sont utilisées pour mettre en évidence l'existence d'une circulation virale dans un élevage et pour détecter les animaux contagieux, particulièrement les IPI (bovins Infectés Permanents Immunotolérants).

On distingue les techniques qui permettent de mettre en évidence :

- les anticorps : on parle alors de sérologie (aussi bien sur une prise de sang que sur le lait) ;
- le virus ou certains de ces constituants : il s'agit alors de virologie (antigénémie ou PCR) sur le sang, des organes ou du cartilage auriculaire.

Le choix ou la combinaison des différentes méthodes dépend des informations qu'on cherche à obtenir et aussi de l'âge des animaux. Dans tous les cas, les résultats des analyses doivent être interprétés en tenant compte : de l'âge des animaux, et du contexte de l'élevage pour lequel les analyses ont été effectuées. Se souvenir aussi que, du point de vue des analyses sérologiques, la BVD fonctionne un peu à l'inverse d'autres maladies : ici, les animaux les plus dangereux, les IPI, ont des sérologies négatives alors que les séropositifs sont le plus souvent des animaux protégés et non contagieux. Pour plus de détails, voyez la fiche technique sur les méthodes d'analyses ci contre.

Vaccination

Grâce à la protection croisée, les vaccins actuels sont efficaces contre les différentes souches de virus BVD qui circulent en France. Ils évitent les problèmes cliniques dus à la maladie et limitent la circulation virale. Certains protègent à au moins 90% contre la production de veaux IPI.

Certains vaccins peuvent interférer avec les réactions sérologiques des animaux.
La vaccination ne doit pas dispenser de mettre en oeuvre d'autres mesures de protection des élevages.

La protection vaccinale nécessite des rappels réguliers, conformes aux préconisations du fabricant. Pour ne pas manquer les rappels, un bon suivi sur le carnet sanitaire est indispensable.

Quels sont les signes d'appel qui doivent faire penser à un passage du virus BVD ?

Les signes de la présence du virus BVD dans le troupeau sont très variés (et parfois absents ...). Il faut distinguer ceux qui doivent forcément y faire penser (les signes d'appel majeurs) et ceux qui doivent conduire à évoquer la BVD parmi d'autres hypothèses (signes d'appel mineurs).
 
Les signes d'appel majeurs :

Cas de maladie des muqueuses : diarrhée profuse, le plus souvent chez un jeune bovin, rebelle à tout traitement, souvent accompagnée d'ulcères dans la bouche et entre les doigts, avec mort inéluctable, le plus souvent en 3 à 10 jours. La maladie des muqueuses ne touche que les bovins IPI, pas les autres bovins du troupeau.
Naissance de veaux faibles ou malformés (atrophie du cervelet ou des yeux, cataracte, déformation des membres),
Maladie hémorragique, mortelle, sur des jeunes veaux, due à des souches hyper virulentes du virus BVD, rare en France.

Les signes d'appel mineurs :

  •  Troubles de la reproduction (infécondité, avortements...),
  •  Diarrhées des jeunes veaux,
  •  Episodes de grippe intestinale,
  •  Maladies digestives ou respiratoires rebelles aux traitements habituels.

Pour certains d'entre eux, ces signes sont liés à l'effet immunodépresseur notable du virus.
Attention : Aucun signe clinique n'est véritablement caractéristique de la BVD. Même la maladie des muqueuses peut être confondue avec d'autres affections.  On ne peut donc pas avoir de certitude sur l'implication du virus BVD tant qu'on n'a pas de résultats d'analyses confirmant la suspicion.
Au moindre doute, il faut en parler avec son vétérinaire : les prélèvements devront être choisis avec soin, de manière adaptée à la situation de l'élevage, conservés et transmis au laboratoire dans de bonnes conditions, accompagnés de commémoratifs précis qui orienteront le laboratoire dans ses recherches.

La présence du virus a été confirmée dans un élevage, quelles démarches entreprendre ?

Il est recommandé de procéder par étapes :

1 - Dépister tous les bovins IPI qui peuvent se trouver dans le troupeau, et les éliminer car ce sont les principaux propagateurs de l'infection et ils risquent de mourir de maladie des muqueuses. Il faut pour cela faire des analyses systématiques. Plusieurs protocoles sont possibles en fonction de la situation du cheptel.

2 - Rechercher tous les IPI à naître dans les 12 mois suivant l'élimination du dernier IPI. Certains sont en effet encore dans le ventre de leurs mères. Des analyses permettent de les dépister dès la naissance.

3 - Une fois tous les IPI éliminés, s'assurer que le virus BVD a arrêté de circuler.  Voir ci-dessous « Comment surveiller la circulation virale dans le troupeau ». Cette démarche est à entreprendre dans l'année qui suit l'élimination du dernier IPI.

4 - Prendre des mesures complémentaires :
· S'interroger sur les facteurs de risque auxquels est confronté le troupeau et s'efforcer de les minimiser.
· Protéger les animaux à risque (femelles dans la première partie de leur gestation, notamment)
· Réfléchir à l'opportunité d'une vaccination : quels animaux, avec quel vaccin, pendant combien de temps ?
· Penser à informer les voisins de parc pour leur permettre de se protéger et éviter la diffusion de la maladie.

Comment surveiller la circulation virale dans un troupeau ? 

 Les signes cliniques de la BVD sont variés, parfois insidieux, souvent peu caractéristiques. L'association de plusieurs problèmes peut donner l'alerte. La vigilance, la surveillance du troupeau et de ses performances doivent être de mise. Mais des analyses sérologiques sur des échantillons de sang ou sur le lait de tank permettent une approche plus objective.

La surveillance sérologique peut avoir deux buts différents :

Après un plan de dépistage et d'élimination de bovins IPI, il s'agit de s'assurer que l'action a été efficace et que le virus ne circule plus. On fait alors des prises de sang en sondage sur 8 à 10 bovins « sentinelles », choisis parmi les jeunes générations et qui ont été en contact avec le reste du troupeau. Si les sérologies sont négatives, c'est que le virus ne circule plus.

L'autre objectif est la surveillance régulière du troupeau : l'éleveur veut savoir si son troupeau a été ou non exposé au virus BVD. Dans les troupeaux  allaitants, on procède comme ci-dessus, une fois par an. Dans les troupeaux laitiers, on a la possibilité de faire des sérologies régulières, une fois tous les 3 mois, sur le lait de tank. La répétition des analyses permet de savoir si la positivité du lait du troupeau - et donc celle des vaches - varie au cours du temps. Une augmentation rapide de la ppositivité signifie qu'il y a probablement eu un passage du virus BVD. C'est une alerte qu'il faut interpréter et confirmer ou non avant de prendre des mesures. La surveillance sur lait de tank est peu onéreuse. Elle est de plus en plus utilisée par les éleveurs. Car elle a un autre mérite : elle attire l'attention des éleveurs dont les animaux sont majoritairement séronégatifs sur le fait que leur troupeau est exposé au risque BVD et qu'il y a lieu de prendre des mesures pour le protéger.

Comment se prémunir contre le risque BVD ?

Il s'agit de minimiser les facteurs de risque principaux :

Entrée dans l'élevage d'un animal contagieux, c'est à dire IPI ou virémique transitoire (infecté temporaire) : Il faut combiner l'isolement effectif du bovin introduit et son contrôle sanguin. L'isolement doit être maintenu tant qu'on n'a pas un résultat d'analyse favorable. La garantie de bovin non IPI, délivrée par les GDS sur la présentation de résultats d'analyse probants, indique que le bovin introduit n'est pas une « bombe à virus » et que son avenir économique n'est pas compromis de ce point de vue. Elle ne doit pas dispenser des précautions à l'introduction (isolement et analyse) car elle ne peut garantir qu'il n'est pas momentanément contagieux (virémique transitoire) ou, si c'est une vache gestante, qu'elle ne va pas donner naissance à un veau IPI. Ce dernier risque existe d'ailleurs pour toutes les vaches gestantes introduites. Leurs veaux doivent donc être systématiquement isolés et testés dès la naissance. Il ne faut pas oublier de le faire si le veau naît quelques temps après l'introduction.

Retour dans l'élevage d'un bovin qui se serait contaminé pendant  un rassemblement d'animaux (concours, comices, estive, pension, prêt ...) : les mêmes mesures que ci-dessus sont à appliquer.

Risque de voisinage : Contacts « mufle à mufle » par-dessus les clôtures, divagation de taureaux ou d'autres bovins etc. sont d'autant plus risqués qu'ils impliquent des vaches en début de gestation, c'est-à-dire à l'époque où leur foetus peut devenir IPI.

Des mesures complémentaires peuvent limiter les dégâts d'un passage du virus BVD : Une bonne hygiène des étables, l'absence de surpeuplement, la séparation des vaches ou génisses gestantes d'avec les autres classes d'âge, la limitation de la cohabitation avec les ovins et caprins.

Enfin, comme il a été dit plus haut, la vaccination peut fortement contribuer à la protection si elle est sans faille, bien suivie dans le temps et combinée avec les autres mesures.

Les actions des GDS - le plan d'assainissement BVD

L'objectif d'un plan d'assainissement BVD est de rendre économiquement accessible le dépistage et l'élimination des IPI pour un éleveur adhérent au GDS et confrontré à des manifestations cliniques de la maladie. Ensuite, les éleveurs confrontés déterminent avec leur vétérinaire et le technicien du GDS les moyens à mettre en oeuvre pour éviter la récidive : isolement et contrôle BVD à l'introduction, séparation des animaux engraissés et des reproducteurs, vaccination des génisses, etc.
 




































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