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SECHERESSE : Quelles conséquences sur la santé des troupeaux durant l'hiver ?

Derniére mise à jour le : 12/02/2019

 

Il est difficile de tout prévoir. Pourtant, l'expérience des sécheresses passées, surtout celle de 1976, permet de prendre quelques précautions utiles. Nathalie MAVRIC, vétérinaire conseil à la Fédération des GDS de Rhône-Alpes, fait le point.

Chez les laitières, des troubles liés à des déséquilibres alimentaires

La première conséquence de la canicule réside dans le manque de fourrages pour traverser la période hivernale. A l'automne, paille, foin et ensilages ont été acheminés aux agriculteurs afin d'assurer la survie des animaux. Mais cet approvisionnement de dernière minute ne permet pas de reconstituer les stocks d'une année « normale ».  Ainsi, les rations hivernales qui en résulteront pourront être extrêmement variées d'une exploitation à une autre, et l'équilibre alimentaire peut être difficile à trouver. Il convient d'y rester vigilant à tous les stades : gestation, tarissement, lactation ou allaitement.

Manque d'énergie dans la ration, carences en oligo-éléments jouerons une grande part dans les problèmes d'infécondité. Mais d'autres dérives, moins évidentes, peuvent apparaître et se solder par des troubles métaboliques divers : fièvre de lait, acidose chronique, acétonémie, et même alcalose.
Utilisation de nouveaux aliments
 Face à la pénurie de fourrages, les éleveurs sont à la recherche des solutions de substitution. Nous avions déjà observé des cas d'intoxication alimentaire au cours de cet été.

Nous attirons votre attention sur le sorgho fourrager. En effet, cette plante qui résiste bien au manque d'eau est utilisée en culture dérobée cette année. Ses qualités alimentaires sont indéniables, mais la plante peut s'avérer toxique dans certaines conditions. Les jeunes plants et les feuilles sont riches en toxique (hétéroside cyanogénétique) et concentrent l'azote soluble. Il convient donc, si vous utilisez ce fourrage, de ne pas le faire pâturer ni de le récolter y compris pour l'ensilage à moins de 35 cm de hauteur, de pratiquer une transition alimentaire, et de toujours en limiter la consommation, notamment en apportant d'autres fourrages avant une distribution de sorgho. De plus, le fanage et l'ensilage ne permettent pas d'éliminer la toxicité de la plante.

De même, le choux fourrager (colza fourrager) peut s'avérer dangereux pour les animaux en entraînant météorisation, anémie, hausse de la mortalité embryonnaire et des nouveaux nés, ralentissement de la croissance des jeunes. La quantité maximale tolérable par jour et par bovin adulte est de 3 kg de matière sèche. De plus si vous mettez les animaux à pâturer des choux fourragers, nous vous conseillons de limiter la quantité consommée, de préférer l'après-midi de manière à ce que les animaux aient déjà consommé des fourrages, et de rester vigilant.

Fragilisation de la santé des nouveau-nés

 Durant l'hiver 1976-1977, il avait été rapporté une augmentation du nombre de diarrhées des très jeunes animaux et une mortalité plus élevée. Ceci s'explique : les mères maigrissent durant la gestation, et ne sont plus en mesure de fabriquer un colostrum de qualité, c'est-à-dire riche en anticorps. La protection des  jeunes contre le microbisme ambiant est donc moindre car il faut rappeler que l'immunité maternelle n'est transmise, chez les ruminants, que par le biais du colostrum. De plus, les mères affaiblies peuvent avoir des difficultés à mettre bas, le part est alors languissant. Autant de grandes difficultés pour le nouveau-né qui amoindrissent ses capacités de résistance ultérieures.
. L'apparition des diarrhées des nouveaux nés est-elle alors inéluctable ? Non, si l'éleveur a la possibilité de jouer sur les autres facteurs de risque d'apparition de ces diarrhées. En effet, les diarrhées néo-natales sont des maladies dites multifactorielles : elles sont déclenchées si plusieurs facteurs de risques sont cumulés en même temps. Si un seul de ces facteurs est présent, l'animal reste en bonne santé.

A cause du manque d'herbe, les animaux ont "raclé" les pâtures

Les animaux ont mangé l'herbe plus ras, ou tenté de manger de l'autre côté des clôtures. Certains ont pu avaler de la terre en très grande quantité. En 1976, il avait été rapporté que des broutards décédaient d'occlusion intestinale causée par une consommation excessive de terre. Ceci reste exceptionnel, et la mort du bovin survient alors dans les quelques jours qui suivent.
Toutefois, des problèmes moins flagrants risquent de se produire plus souvent : les troubles qui font suite à l'ingestion de corps étrangers. Déjà aujourd'hui nous constatons une recrudescence du nombre de bovins malades pour cause de corps étrangers.
La prévention reste simple : faire avaler un aimant aux bovins, celui-ci faisant effet plusieurs années.

Risque parasitaire


La chaleur et la sécheresse sont défavorables à la survie des larves de strongles sur les pâtures. On peut donc s'attendre à une faible infestation des animaux. Toutefois, cela reste à vérifier au cas par cas. En effet, le surpâturage engendré par la pousse insuffisante de l'herbe a pu, localement, entraîner une forte infestation des ruminants.

Pour ce qui est de la grande douve, et du paramphistome, là encore, nous devrions assister à des situations très variables d'un troupeau à un autre. Cela devrait dépendre en grande partie du mode d'abreuvement des animaux au pâturage. En effet, ces parasites ont besoin d'une limnée pour se développer et infester des ruminants. Or, ce petit escargot se plait particulièrement dans les abords de ruisseau ou de mares qui sont souvent piétinés et boueux. Le risque d'infestation des animaux est donc faible lorsqu'un abreuvoir propre était mis à disposition et que l'abord de ruisseaux ou de zones boueuses était condamné. Par contre, ce risque est maximal dans le cas inverse qui a bien pu se produire, étant données les conditions anormales d'approvisionnement en eau de cet été.

S'ajoute à l'état d'infestation parasitaire des animaux, leurs capacités naturelles de résistance qui risquent, cette année, d'être amoindries du fait de la sous alimentation et de l'amaigrissement. Nous vous recommandons, par conséquent, d'effectuer un bilan parasitaire avec votre vétérinaire au cours de l'automne. Un examen coproscopique réalisé à partir du mélange des matières fécales de 4-5 animaux d'un même lot permet de connaître le niveau d'infestation des animaux.

En conclusion, les risques qui nous semblent poser le plus de problème sont :

  • L'équilibre de la ration : il convient de prendre contact avec votre technicien pour ajuster au mieux la ration
  • La santé des nouveaux nés : il est possible de limiter assez fortement les conséquences en jouant sur les facteurs de risque autres que l'alimentation des mères







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