Image de Banniere

Bovin maladie salmonellose

Retour d'expérience en élevage laitier

Derniére mise à jour le : 12/05/2023

Plutôt rare, la salmonellose provoque de grosses pertes économiques, quant elle apparaît dans un élevage. Il y a quelques années, un élevage de 80 vaches laitières a été confronté à la maladie dans le Nord-Isère. Le vétérinaire traitant Régis Marteau revient sur les premiers symptômes et les mesures à prendre pour limiter la diffusion d'une bactérie très contagieuse.

LA MALADIE

  La salmonellose est une maladie grave et souvent mortelle pour de nombreux animaux (tous les animaux d'élevage, de compagnie, de très nombreux animaux sauvages, des oiseaux, des insectes ...) qui peut être contagieuse aux humains. 

 Les bactéries responsables sont les salmonelles. On les trouve dans l'intestin, les déjections et l'environnement. L'infection se fait par la bouche, par le biais de la nourriture ou de l'eau souillée. En plus des malades, il y a des "porteurs sains" qui ont des salmonelles dans leur intestin sans conséquences pour eux, mais qui sont quand même contagieux.

Les obligations en cas de salmonellose

En cas de salmonellose, le lait des animaux malades (atteints de diarrhée avec fièvre ou d'avortements) est exclu de la collecte, de la transformation et de la vente en vue de la consommation humaine (obligation légale).
Pour le reste du troupeau, un traitement thermique est nécessaire tant que dure l'épisode. Il faut donc prévenir sa laiterie ou mettre en place une pasteurisation dans le cas de vente directe de lait cru. Ces mesures sont habituellement levées dans le mois suivant l'épisode clinique, sous réserve bien entendu d'analyses de contrôle négatives sur le lait.
D'autres mesures permettent également de diminuer le risque de contamination du lait de tank par les salmonelles :

  • laver et sécher la peau des trayons avant la traite
  • tirer les premiers jets
  • traire les malades en dernier..

En ce qui concerne l'abattage, celui-ci est déconseillé pour les animaux appartenant au lot atteint, au moins pendant la durée de la maladie.

TEMOIGNAGE

Quels ont été les premiers symptômes de la salmonellose dans cet élevage ?

Nous avons été appelés une première fois pour une vache affaiblie. Elle avait peu d'appétit et produisait moins de lait. Le tableau clinique ne permettait pas de s'orienter vers une pathologie précise. La vache a traîné quelques jours sans amélioration. Puis un deuxième animal est tombé malade avec des symptômes différents : une hyperthermie et une très forte diarrhée. Cette diarrhée caractéristique (forte odeur et présence de fibrines) nous a orienté vers une possible salmonellose.

Nous avons effectué un prélèvement qui, après analyse, s'est avéré positif. Entre temps, deux autres animaux étaient tombés malades avec les mêmes symptômes. Nous avons tout de suite mis en place des traitements antibiotiques pour les vaches atteintes. Après les résultats de laboratoires, nous avons entamé une vaccination d'urgence.

Au total, une quinzaine d'animaux sont tombés malades (deux sont morts), ceci entraînant notamment une baisse de la production laitière. Nous avons eu de la chance dans ce cas, car la maladie n'a touché que les vaches laitières, très peu de génisses et les éleveurs n'avaient pas beaucoup de veaux à cette époque là. Chez les veaux, la maladie provoque des pertes importantes (septicémies).

Quelles mesures avez-vous prises pour limiter les contaminations au sein du cheptel ?

Quand nous avons suspecté la salmonellose, nous avons pris de nombreuses mesures d'hygiène générale : isolement des animaux malades autant que possible, nettoyage des zones d'alimentation et d'abreuvement, paillage systématique et traitement des litières.

La salmonellose est une zoonose, maladie contagieuse pour l'homme. Il a donc été conseillé aux éleveurs de se laver les mains après avoir côtoyé des animaux malades, de changer de tenue et de désinfecter leurs bottes. Les mesures d'hygiène générale ont aussi été amplifiées pendant la traite.

A côté du travail de nettoyage et de désinfection, le lisier a été isolé au moins deux mois avant son épandage. Une fois assaini, il a été répandu sur des terres qui n'ont pas servi à la pâture des animaux dans l'immédiat. 

Quoique rare, un cas de salmonellose a été détecté dans le Nord Isère en début d'année par le vétérinaire Régis Marteau.

Quelle était l'origine de la contamination ?

La plupart du temps, nous ne pouvons définir avec précision la source de la contamination. Nous avons tout de suite réalisé des analyses sur les réseaux d'eau potable et d'eau de puits des éleveurs, mais nous n'avons rien trouvé. Pour ma part, j'ai déjà vu un cas où les pigeons, nichant dans l'étable, étaient responsables de la contamination. Il faut savoir qu'il existe 2 300 sous-types de salmonelles identifiées portées par de nombreuses espèces animales. D'une manière générale, il est préférable d'éviter le mélange d'animaux de différentes espèces. Volailles et porcs sont très souvent responsables de contamination.

Les salmonelles vivent notamment dans le tube digestif et il faut limiter le plus possible les contacts entre les déjections et l'eau ou la nourriture des animaux. L'hygiène générale joue aussi beaucoup. Dans un élevage, certaines vaches sont porteuses sans jamais présenter de symptômes de la maladie. Pendant les périodes de transitions où les animaux sont soumis au stress (début de l'hiver et début de l'été), la salmonellose peut s'exprimer avec plus ou moins de virulence.

Quand suspecter une salmonellose dans un élevage ?

Souvent, la salmonellose débute par des diarrhées avec une forte fièvre sur plusieurs animaux ou par des avortements dans certains cas. En général, ces avortements apparaissent dans le dernier tiers de gestation. D'où la nécessité de les déclarer au vétérinaire traitant. Il est aussi toujours utile de faire attention à l'état général quand on introduit des animaux.  

Catherine Pellotier

En cas de suspicion de salmonellose, le GDS propose des aides au diagnostic bactériologique de la maladie et prend également en charge l'antibiogramme.











FRGDS Auvergne Rhône-Alpes

Adresse postale : 23 rue Jean Baldassini - 69364 Lyon Cedex 07

Tel: - Mail : frgds.aura@reseaugds.com