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Apiculture AUTRES MALADIES ET DANGERS DE L'ABEILLE AUTRES

Les maladies du couvain

Derniére mise à jour le : 05/07/2022

De l’état de santé du couvain dépend l’avenir de la colonie. Il est cependant la cible de certains agents pathogènes qui nécessitent une gestion adaptée.

Parmi les différentes castes d’une colonie d’abeille, le couvain revêt une importance toute particulière. De sa présence, de sa santé, de sa nature et de son abondance dépendent l’avenir de la ruche.

Savoir évaluer l’état de santé du couvain

Lorsqu’il est présent, la qualité du couvain d’ouvrières sain s’apprécie sur la base de différents critères : la régularité, la forme et l’abondance (photo 1) :

-       La régularité : une bonne régularité se caractérise par la présence d’œufs, de larves ou de nymphes occupant toutes les alvéoles sous la forme de zones concentriques de même stade,

-       La forme : elle dépend de la sous-race d’abeilles et dessine le plus souvent une ellipse,

-       L’abondance : elle est le signe de la puissance de la colonie au printemps.


Couvain sain, régulier et de forme elliptique, au printemps. Source : FRGDS RA

Au contraire, lorsque le couvain est malade, il présente une irrégularité. Plusieurs images sont alors possibles : un couvain dit « en mosaïque » (les larves meurent et les alvéoles sont alors vidées de leur contenu) ou un couvain dont le contenu des alvéoles est anormal. D’autres signes peuvent être associés, en fonction de l’agent pathogène responsable.

Les principales maladies du couvain

De nombreux agents biologiques peuvent atteindre le couvain. Nous nous intéresserons ici aux maladies les plus fréquemment rencontrées. La varroose, maladie parasitaire touchant tous les stades de développement de l’abeille, ne sera pas développée. Des fiches techniques spécifiques sont disponibles sur le site internet de la FRGDS Rhône-Alpes (www.frgdsra.fr).

Loque américaine

Il s’agit d’une maladie infectieuse et extrêmement contagieuse du couvain operculé, causée par une bactérie, Paenibacilllus larvae. En France, elle est classée dans la liste des dangers sanitaires de première catégorie pour l’abeille domestique1. La conduite à tenir en cas de suspicion est donc encadrée par la loi2et doit faire l’objet d’une déclaration obligatoire auprès de la DD(CS)PP.

Elle se caractérise en début d’évolution par une absence de signe spécifique au niveau de la colonie. Seules quelques cellules sont atteintes et le couvain peut-être légèrement lacunaire. Lorsque la maladie se développe, on note une dépopulation plus ou moins importante, une baisse de l’activité de la ruche et parfois des abeilles mortes sur le plancher ou à l’entrée de la ruche. La colonie peut devenir agressive, le couvain est en mosaïque et une odeur caractéristique, putride, est constatée à l’ouverture de la colonie.

Au niveau du couvain, les cellules atteintes présentent des opercules affaissés et percés. A l’intérieur, les formes immatures sont mortes et changent de couleur (de beige à brun foncé), les larves deviennent filantes (filament de plus de 2cm lorsqu’on introduit un bâtonnet dans l’alvéole (test de l’allumette)) et à terme, les restes de larves mortes forment des écailles noires, sèches et dures, adhérentes à la partie inférieure de la cellule.

La transmission de la maladie est assurée exclusivement par la forme sporulée de la bactérie. Les spores sont présentes dans les cires, le miel, le pollen, sur les abeilles ainsi que dans le bois des cadres et de la ruche. Elles sont extrêmement résistantes et peuvent rester infectieuses de 35 à 40 ans dans les écailles et plus d’un an dans le miel. La maladie peut ainsi facilement se transmettre entre colonies d’un même rucher mais également entre colonies de ruchers différents, du fait de comportements de pillage ou de dérive des abeilles adultes, à l’occasion de transhumances ou du fait de mauvaises pratiques apicoles.

Loque européenne

La loque européenne est une maladie infectieuse et contagieuse atteignant le couvain ouvert de plusieurs espèces d’abeilles dont l’abeille domestique, Apis mellifera.

Elle est causée par une bactérie,Melissococcus plutonius. Des bactéries secondaires sont fréquemment associées à cet agent. La maladie peut évoluer sur une longue période, généralement en fin de printemps-milieu d’été. Elle se traduit par :

  • Un couvain en mosaïque
  • Une atteinte du couvain ouvert : mort de larves de 4-5 jours, dans une position anormale au sein de l’alvéole (les larves les plus âgées vrillées ou en extension),
  • Dans certains cas, la mort de la larve peut survenir plus tardivement, on observe alors des opercules affaissés,
  • Une odeur fétide ou aigre (« couvain vinaigre ») peut se dégager lorsqu’une forte proportion d’alvéoles est atteinte,
  • Une modification de la couleur des larves atteintes (de blanc perle, elles prennent une couleur jaune pâle à jaune plus marqué puis grisâtre)
  • La présence d’écailles sèches, noires, non adhérentes à la paroi de l’alvéole
  • Une faiblesse de la colonie (voire, dans certain cas, la mort de la ruche)

Couvain en mosaïque en début d’évolution de loque européenne. Source : FRGDS RA


Des formes asymptomatiques existent également.

La transmission de la maladie est assurée par la bactérie elle-même et est favorisée par les mêmes facteurs que pour la loque américaine.

Ascophérose

L’ascophérose, aussi appelée maladie du couvain plâtré, est une maladie contagieuse du couvain fermé, dont l’incidence augmente ces dernières années. Elle est plus fréquemment rencontrée au printemps.

Elle est causée par un champignon, Ascosphaera apiset se traduit par :

-       Un affaiblissement de la colonie,

-       Une baisse de production,

-       Un aspect possible du couvain en mosaïque, avec de nombreuses cellules ouvertes,

-       Des larves blanches crayeuses à pointe jaune molle puis dure en début d’évolution, qui se recouvrent ensuite d’un enduit vert ou noir avec le développement du champignon,

-       La présence de larves momifiées blanches dans les cellules fermées ou désoperculées, voire sur le plancher ou à l’entrée de la ruche lorsqu’elles ont été retirées par les nettoyeuses.

Les spores sont responsables de la transmission de la maladie. Elles résistent plus de 15 ans dans les momies et jusqu’à 4 ans dans le milieu extérieur. La diffusion de la maladie est ainsi assurée au sein de la ruche par les abeilles adultes contaminées, et entre ruches, par le comportement de dérive ou pillage des abeilles adultes et/ou les manipulations de l’apiculteur.

La maladie du couvain sacciforme

Il s’agit d’une maladie contagieuse du couvain, causée par le Sac Brood Virus (SBV). La prévalence de ce dernier dans les exploitations apicoles est très importante, ce qui en fait l’une des maladies virales les plus communes chez l’abeille domestique.

Plus fréquemment rencontrée au printemps, l’infection est souvent asymptomatique chez l’adulte. Chez les larves, les signes cliniques observés sont variables en fonction de l’évolution de la maladie :

-       En début d’évolution : on observe des larves étendues sur le dos contre la paroi de l’alvéole, un léger affaissement, une couleur jaunâtre, ainsi qu’une poche transparente en partie postérieure de la larve, correspondant à une accumulation de liquide clair puis granuleux,

-       A un stade plus avancé, les larves brunissent et noircissent à partir de la tête. Elles se dessèchent progressivement pour aboutir à la formation d’écailles incurvées en forme de barques,

-       Le couvain devient mosaïque et des larves mortes avant et après operculation peuvent être observées.

Dans la majorité des cas, un faible nombre de larves est atteint, ne représentant pas une menace pour la survie de la colonie.

L’agent responsable (SBV) est peu résistant dans l’environnement, ce qui permet de limiter sa propagation. Il est essentiellement transmis au sein de la colonie par les nettoyeuses et les nourrices infectées de façon inapparente.

Gestion sanitaire des maladies du couvain


Prévenir plutôt que guérir

Le rôle de l’apiculteur dans la gestion des maladies du couvain est fondamental. En effet, les facteurs favorisants leur apparition sont limités par la mise en place de bonnes pratiques apicoles. Elles concernent toutes les interventions de l’apiculteur qui peuvent influencer la santé des abeilles, en particulier :

-       le choix de l’environnement (ressources alimentaires disponibles pour éviter les carences, voisinage apicole et densité de colonies limitant le risque de pillage ou dérive…),

-       le choix et le suivi du cheptel (visites régulières de colonies en saison afin de dépister rapidement toute atteinte de la colonie, sélection d’abeilles hygiéniques, changement régulier des cadres de corps…),

-       ainsi que la conduite des travaux d’atelier (choix des méthodes de désinfection du matériel).

Être bien accompagné

Les principales maladies du couvain sont contagieuses (tableau I), d’où l’intérêt de mettre en place une défense collective les concernant.

Les sections apicoles des GDS rassemblent à ce titre les apiculteurs qui le désirent, les conseillent et participent à la lutte contre la varroose en particulier au travers de la mise en place de plans sanitaires d’élevage (PSE).

En cas de doute concernant la santé de son cheptel, tout apiculteur peut trouver un interlocuteur compétent en se renseignant auprès de la structure sanitaire dont il dépend et disposant d’un réseau de techniciens sanitaires apicoles formés, ou de son vétérinaire conseil.


Prémila CONSTANTIN (Docteur vétérinaire apicole- GDS Rhône-Alpes)

1Arrêté du 29 juillet 2013 relatif à la définition des dangers sanitaires de première et deuxième catégorie pour les espèces animales

2Arrêté du 23 décembre 2009 établissant les mesures de police sanitaire applicables aux maladies réputées contagieuses des abeilles et modifiant l'arrêté interministériel du 11 août 1980 relatif à la lutte contre les maladies réputées contagieuses des abeilles

Maladie

Agent responsable

Signes cliniques

Epidémiologie

Loque américaine

Paenibacilllus larvae, bactérie

Couvain fermé

Opercules affaissés/percés

Test de viscosité positif

Contagiosité élevée

Agent de transmission : spore

Loque européenne

Melissococcus plutonius, bactérie

Couvain ouvert

Larves mortes liquéfiées

Odeur nauséabonde

Contagiosité élevée

Agent de transmission : bactérie

Ascophérose

Ascosphaera apis, champignon

Couvain ouvert ou fermé

Larves momifiées, dures, couvertes de mycélium

Larves mortes sur le plancher ou devant la ruche

Contagiosité élevée

Agent de transmission : spore

Maladie du couvain sacciforme

Sac Brood Virus, virus

Couvain fermé ou désoperculé

Larves redréssées en forme de sac

Ecaille non adhérente en forme de barque

Contagiosité modérée

Agent de transmission : virus

 









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